« Le modèle économique de l’intelligence artificielle définira l’avenir du secteur »


« Nous avons une tradition de d’abord chercher les usages, puis de trouver des moyens de les monétiser. » Jack Krawczyk, chargé chez Google du développement du chatbot Bard, explique ainsi l’absence, pour l’heure, de toute source de revenus pour ce robot conversationnel lancé ce jeudi 13 juillet en France. En cas de succès, ajoute le dirigeant, le géant de la recherche aura, pour rentabiliser ce concurrent de ChatGPT, une palette de moyens disponibles : les publicités ciblées, l’abonnement, l’application mobile payante, la vente au volume d’activité à destination des entreprises…

Cette anecdote montre que le business de l’intelligence artificielle (IA) générative – capable de créer des textes et des images – n’est pas stabilisé. Or, le choix du modèle économique définira l’avenir du secteur.

Certes, il est loin le temps où OpenAI, le créateur de ChatGPT, se présentait comme un projet à but uniquement non lucratif. De même, le PDG, Sam Altman, ne dit plus, comme dans une conférence en 2019, qu’il « n’a pas de modèle économique » et « demandera à l’IA » de lui en créer un… Depuis, OpenAI a accepté plus de 10 milliards de dollars d’investissement de Microsoft et remis en cause la publication de ses modèles d’IA en « accès libre » (open source).

Lancé en version gratuite en novembre, ChatGPT a mis en place en février un abonnement payant à 20 dollars par mois, qui garantit le service même en cas d’engorgement. Les modèles de génération de texte et d’images d’OpenAI sont aussi commercialisés sous forme d’interfaces de programmation d’applications pour les entreprises, qui peuvent les intégrer dans leurs services contre un paiement d’une fraction de centime par requête.

D’autres acteurs essaient des modèles différents. Pour le français LightOn, « la valeur est autant dans le modèle d’IA que dans tout ce qui va autour, pour accompagner les entreprises clientes : déploiement et affinage du modèle, assistance sur les instructions écrites à donner au modèle »… La start-up facture un abonnement. Son compatriote Mistral AI n’a pas communiqué de business plan, mais voit aussi sa future rentabilité ailleurs que dans les modèles d’IA eux-mêmes, car il prévoit de publier ces derniers en accès libre.

Un enjeu de souveraineté

Le modèle économique du secteur sera bien sûr crucial pour l’avenir des petits acteurs. Comment lancer un chatbot rentable si un géant du numérique en propose un gratuit à perte ? Il existe un risque d’une forme de dumping pour capter des parts d’un marché naissant, comme dans les plates-formes de vidéo à la demande, l’hébergement dans le cloud ou les VTC… Les prix fixés par les leaders du marché couvriront-ils leurs coûts ? A terme, les tarifs ne risquent-ils pas d’être relevés, fragilisant les entreprises qui auraient bâti un service sur une IA ? Certains craignent aussi une potentielle dépendance économique.

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